jeudi 8 septembre 2011

Anticosti, mon deuxième buck, très loin de la perfection

Attention!, il y a une photo de chevreuil mort à la fin de cet article.

(samedi le 3 septembre)

Pour la troisième journée de suite, je chasse dans un bûcher. Comme nous sommes obligés de changer de territoire à chaque jour, c'est mon troisième bûcher différent. Aujourd'hui c'est spécial parce que c'est dans mon bûcher préféré qu'on chasse. C'est incroyable comment ce bûcher m'a été favorable depuis que je viens ici, on le surnomme même "le bûcher à Dom"

J'ai le droit de récolter deux chevreuils et même si on est en vacance, on se met de la pression parce qu'on ne veut pas chasser la dernière journée. Quand on chasse la dernière journée, nos standards baissent et on se met à chasser les femelles pour ne pas revenir bredouille. je veux terminer ce soir.

Comme d'habitude j'ai prospecté le bûcher ce matin pour planifier ma passe du soir. J'ai chassé avec Patrick ce matin et nous avons vu beaucoup de femelles et de daguets, au moins trente, mais aucun buck digne de mention.

En arrivant au bûcher, j'étais seul et j'ai vu un chevreuil avec un panache de quatre ou six pointes assez loin dans le chemin. Il venait de me voir et il se préparait à s'enfuir. J'avais une décision à prendre, j'avais baissé mes standards et j'étais prêt à terminer ma chasse si un petit mâle se présentait devant moi. Il était là et j'ai décidé de tirer et de me contenter de ce petit buck.

Malheureusement, ça ne se passe pas toujours comme on veut à la chasse et ne pas vous raconter ce qui s'est passé par la suite serait embellir l'histoire. Quand on tire à la chasse, on est pas dans l'environnement parfait d'une salle de tir. On est soumis au soleil, au vent, à la nervosité et à un délai d'exécution très court. Ces facteurs font en sorte d'augmenter le défi de la chasse, mais ils font en sorte d'augmenter le risque d'erreur ou de mauvais tir. C'est ce qui arrivé.

Dès que j'ai tiré, le chevreuil est disparu dans les herbes hautes du bûcher et je ne l'ai plus jamais revu. J'ai vu quelques gouttes de sang sur le chemin, mais dès que j'entrais dans les herbes hautes, je perdais sa trace. J'ai cherché au moins 30 minutes en faisant des cercles de plus en plus grands dans l'herbe haute et je n'ai rien trouvé. Selon le guide, mon tir n'a touché aucune partie vitale et le cerf a eu une blessure superficielle ou musculaire.

Ça ne m'est pas arrivé souvent mais je déteste perdre des bêtes. On vient à la chasse en vacance pour relaxer et vivre l'aventure, mais on se retrouve seul dans la forêt, de très mauvaise humeur, à revoir sans cesse le film de notre mauvais tir dans sa tête. Je me suis remis en chasse, dans cet état d'esprit négatif.

J'ai marché un côté du bûcher que je n'avais jamais exploré. Les chevreuils (femelles et faons) dorment dans l'herbe haute et j'en ai réveillé beaucoup. J'ai décidé d'arrêter parce que je ne réveillais que des femelles et je me disait que si un buck dormait j'étais mieux d'attendre qu'il se réveille et commence à manger, au lieu de provoquer sa fuite en le réveillant. En plus beaucoup de buck sortent du bois juste avant la noirceur. J'ai donc pris une pause dans un mirador en regardant le fond du bùcher, en analysant le vent et en planifiant ma passe du soir que j'allais commencer à 18h30.

J'ai commencé ma passe du soir, j'avais vraiment confiance au fond du bûcher, un coin qui d'après moi n'est presque jamais chassé. J'avance tranquillement face au vent, je déjoue un femelle en la contournant sans qu'elle ne lâche son cris de détresse. Je vois un dos roux au fond du bûcher, j'attends, j'attends, j'attends qu'il se lève la tête. Quand il se lève la tête, je vois qu'il a un beau panache. Je viens de faire un mauvais tir et je suis très loin. Je ne veux pas revivre encore un chevreuil blessé.

Je dois donc aller vers la forêt pour trouver un appui pour ma carabine. En ayant un appui, le tir devient beaucoup plus stable. J'ai enlevé mon sac à dos et j'ai ouvert mon GPS pour prendre un repère afin de pouvoir retrouver plus tard mon sac à dos, pas question de marcher accroupi dans l'herbe avec mon sac à dos.

Je ne vois plus le chevreuil, mais je ne l'ai pas vu s'enfuir, donc il doit être encore là en train de manger. Je fais donc mon approche pour trouver un point d'appui pour mieux tirer. Je réussi assez bien sans faire trop de bruit, je dois même enjamber un arbre mort avec des branches qui pointent vers le haut.

Lorsque que je me redresse, je vois le chevreuil qui me regarde, il m'a détecté et je dois faire vite. Je tire. Le chevreuil décampe, mais par la façon dont il saute et se sauve, il ne semble pas avoir été touché.

L'important dans cette situation est de prendre un repère très précis de l'endroit où le cerf est entré dans la forêt. Je le fais, je sais exactement où le chevreuil a disparu. Rendu à cet endroit, je vois les pistes du chevreuil au saut, je vois très bien le sentier qu'il a suivi au saut. Je suis ses traces, je cherche du sang et ... rien ... je l'ai manqué.

Ça ne va donc vraiment pas bien. J'ai manqué deux chances, la passe du soir est presque terminée et je crois bien avoir brûlé ce territoire car je viens de tirer un coup de feu et je dois revenir le vent dans le dos.

Je tente de chasser le négatif en me disant qu'il me reste quand même quinze minutes de chasse et que je suis dans un bûcher avec un grand potentiel. Étrangement, tout près de l'endroit où j'avais tiré, je vois tout près de moi un cerf qui mange. Tout de suite il se lève la tête et wow, c'est un beau buck. Pour celui-ci, tout à bien été, il était à portée de tir et j'ai fait un tir parfait.

Il est identique à celui que j'ai manqué, il n'est pas impossible que ce soit le même. Pendant que je cherchais des traces de sang dans la forêt, il n'est pas impossible qu'il m'ait contourné pour aller voir ce qui l'avait dérangé. C'est très étrange car il était à peu près au même endroit où j'avais tiré 20 minutes plus tôt.

Ma mauvaise humeur a disparu sur le champ. Je terminais ma chasse avec deux beaux bucks, un 8 pointes et un 7 pointes. J'ai pris un vidéo du bûcher, du chevreuil et de moi quand je suis arrivé au chevreuil, je ne sais pas encore si je vais vous le montrer car il y a beaucoup d'émotion dans ce vidéo. Je l'ai montré à ma famille et ils m'on suggéré de garder ça pour moi.

Voici quand même une photo.

Mon premier chevreuil a été récolté lors d'une journée parfaite, mon deuxième quant à lui, a été récolté dans une journée d'imperfections. Cette journée imparfaite s'est quand même très bien terminée.

mardi 6 septembre 2011

Anticosti, un après-midi parfait

(vendredi, le 2 septembre)

J'ai vécu un après-midi de chasse parfait hier. J'avais chassé l'avant-midi avec Stéphane dans un beau bûcher et je m'imaginais encore dans le même bûcher pour la fin de la journée. Le bûcher n'était pas trop vieux et la visibilité était encore bonne partout, Stéphane et moi avions vu beaucoup de femelles et quelques petits mâles pendant l'avant-midi. Tout ça mis ensemble faisait que mon feeling était vraiment bon.

Nous sommes revenus à la pourvoirie où notre lunch nous attendais. Après l'avoir mangé, nous sommes tous allés faire une sieste et je me suis endormi en pensant à ma passe du soir dans mon bûcher.

Nous sommes arrivés vers 15h30. Stéphane ne voulait pas marcher et il est allé passer l'après-midi dans un mirador dans le milieu du bûcher. J'ai marché un petit bûcher de 300m, il n'y avait aucun signe de vie dans ce bûcher. En sortant j'ai vu un mirador et j'ai décidé de m'y assoir une heure. Je ne voulais pas commencer ma passe du soir trop tôt parce que les chevreuil sont encore couchés pour la plupart à cette heure. Les meilleurs heures de la journée sont les deux dernières car à la fin de la journée, les chevreuils quittent la forêt pour aller manger. Il est donc important de bien planifier ces deux dernières heures, il faut marcher ces deux heures face au vent et espérer qu'il y ait un peu de vent pour masquer un peu le bruit de nos pas.

À 17h00 j'ai commencé ma vraie passe du soir en me dirigeant vers le bûcher du matin. Le sentier avait été fait récemment par un bulldozer ce qui fait qu'on marchait sur de la terre, totalement en silence. Le vent était parfait, les chevreuils étaient là en grand nombre, sans gros bucks.

À chaque 15 minutes je voyais des chevreuils, des femelles et des faons. Le but dans ce cas est d'essayer de les faire fuir sans trop leur faire peur pour ne pas qu'ils fassent leur cri d'alarme. J'ai dû en voir une vingtaine dans mon après-midi.

Vers 19h00, le soleil s'est couché et le vent a gagné un peu en intensité. C'était fantastique, les chevreuils mangeaient et ne me voyaient pas, je les voyais toujours avant qu'ils ne me voit, je ne sentais invisible.

Dans ces conditions parfaites, j'ai décidé d'accélérer le pas pour couvrir le plus grand territoire possible avant qu'il fasse trop noir pour chasser. À 19h10, je vois un dos roux, je me dis: "je crois que c'est ma dernière chance, si ce n'est pas un beau mâle, ma chasse est terminée et je suis bredouille". Il fini par se lever la tête et WOW! Je vois enfin un gros panache, pas le temps de compter les pointes, je m'épaule et je tire. C'est un coup mortel et je retrouve facilement ma prise. C'est un gros chevreuil avec un panache de huit pointes. Il y a un pari dans notre groupe où nous avons mis chacun $25 pour qui aura le plus gros panache, à date c'est mon chevreuil le plus gros.

Il fait noir et je dois éviscérer mon chevreuil. Je fais cela pendant que le guide vient m'aider à sortir mon chevreuil du bûcher vers le camion, une chance que mon guide et Stéphane étaient là pour m'aider., j'avais oublié ma lampe de poche.

J'ai vécu une journée de chasse parfaite, j'ai vu du chevreuil toute la journée et j'ai finalement récolté mon gros buck, tout ça dans un décor de rêve. Je n'aurais rien changé de cette journée qui s'est terminée par un beau buck cinq minutes avant la fin de l'heure maximum permise.

S'il n'y avait qu'une chose à changer, ça aurait été d'avoir une photo à vous montrer, mais il faisait trop noir et je n'avais pas le temps de le photographier.

WOW!

lundi 5 septembre 2011

Anticosti, La chasse au chevreuil dans un bûcher à Anticosti

(jeudi, 1er aeptembre)

Pour mon premier jour de chasse, j'ai chassé en équipe avec Stéphane dans un bûcher. À Anticosti, on peut chasser au bord de la mer, dans la forêt, dans des prairies, dans des tourbière et dans des bûcher. Mon endroit préféré est dans les bûchers.

Quand on arrive dans un bûcher, on ne peut pas vraiment savoir où est le chevreuil car quand pendant qu'il mange, dort ou rumine, il est caché par les herbes, les souches, les troncs d'arbres et les branches. Il faut donc le chercher.

L'avantage du bûcher, c'est que nous aussi on est caché. Pour trouver le chevreuil, il faut mettre toutes les chances de notre côté. Il faut premièrement déjouer son odorat en faisant face au vent. L'autre avantage dont il faut tirer profit est la hauteur. À chaque fois qu'une butte ou une souche est disponible, on grimpe dessus et on observe, on cherche des dos roux. Quand on voit un dos roux, c'est un chevreuil qui mange. Il faut alors déterminer si c'est une femelle ou un jeune mâle (on ne tire pas) ou si c'est un gros buck (6 pointes de panache ou plus: on tire). Parfois, c'est très long avant de lui voir la tête.

À la chasse, on a le temps de penser et d'avoir des réflexions. En cherchant l'avantage de la hauteur pour mieux voir, je comprends vraiment pourquoi les humains marchent debout. Quand notre singe ancêtre a décidé de quitter son arbre pour la savane africaine, lui aussi devait constamment chercher l'avantage de la hauteur comme je le fais à la chasse et je suis certain que c'est pourquoi on marche debout. Dans le cas de notre singe ancêtre, c'était peut-être plus par manière défensive qu'offensive, mais l'intention était la même, voir avant d'être vu. Fin du petit volet philosophique anthropologique. J'ai raconté cela à mes partenaires de chasse et ils me soupçonnent de prendre de la drogue.

J'aime bien les bûchers également parce que c'est un habitat naturel du chevreuil. Si le chevreuil va manger dans une prairie ou dans une tourbière, il ne se sentira pas en sécurité et dès que son repas sera terminé, il va retourner dans la forêt pour se cacher. Le chevreuil peut rester dans le bûcher parce qu'il y a des cachettes de disponibles.

La pourvoirie du lac Geneviève bâtit beaucoup de miradors dans les prairies et les bûcher pour nous donner encore plus l'avantage de la hauteur.

J'ai chassé toutes mes journées de chasse dans des bûchers. J'aime toujours autant ça.

Anticosti, Pourvoirie du Lac Geneviève, notre arrivée

(mercredi le 31 août 2011)

Je pars pour l'île d'Anticosti pour un séjour de chasse au chevreuil. Mes partenaires de chasse sont Patrick (collègue), Sylvain, Stéphane et Éric (clients).

C'est mon huitième séjour de chasse à l'île d'Anticosti, mais la première fois depuis que j'ai mon blogue de voyage. Nous sommes partis de Blainville ce matin à 4h30. De là, nous avions plus de six heures de route à faire pour se rendre à l'aéroport de Mont-Joli, là où commence la Gaspésie.


Avant d'embarquer dans l'avion, le pilote s'est offert pour nous prendre en photo. Ça m'a un peu inquiété quand il m'a dit qu'il n'avait aucune idée où appuyer pour prendre une photo avec un iPhone.

Notre avion a décollé à 12h40 et 45 minutes plus tard, nous étions arrivé à Port-Menier, le seul village à l'île d'Anticosti.

Nous avons retrouvé notre guide Jean-François, j'étais très content de le revoir. Le premier client que Jean-François a guidé lors de sa première année comme guide en 2001 a été... moi. Ça fait donc 10 ans qu'on se connait.

Nous avons placé nos bagages dans le camion et nous sommes allés au village de Port-Menier. Nous avions deux arrêts à faire, acheter nos permis de chasse et acheter notre boisson. Comme nous sommes en plan américain, la nourriture est fournie, mais nous avons à acheter notre boisson. À cause des restrictions de poids du voyage en avion, on doit l'acheter à Port-Menier. Il faut donc estimer ce que l'on va boire en bière, en fort et en vin pour les 5 prochains jours, et ça fini par faire une très grosse commande d'épicerie.

On s'en va ensuite à notre chalet, le chalet no 3 pour placer nos bagages, et notre boisson.

Voici Éric, qui pose fièrement devant notre réfrigérateur, rempli de denrées essentielles pour survivre.

Nous devons ensuite aller au champ de tir pour s'assurer que nos armes sont bien ajustées, on ne veut pas manquer ou blesser un chevreuil.


Tout autour des chalets, des chevreuils apprivoisés viennent nous voir en espérant recevoir de la nourriture. Il y a même un buck qui est venu nous voir.

Demain on chasse dans le territoire C, le réveil est réglé pour 4h45. J'ai hâte!